Bonjour à tous,
J’espère que vous allez bien, c’est Micha. Aujourd’hui, je reprends la parole pour vous parler de notre dernier voyage en République Démocratique du Congo (RDC).
Le 24 février dernier je prenais la route pour un long voyage vers Kinshasa (capitale de la RDC). Les objectifs de ce voyage étaient de faire le point sur l’évolution de notre projet avec l’équipe de l’hôpital Kimbanguiste de Kinshasa (HKK), de réévaluer les besoins de formation et de permettre aux gens qui nous suivent de comprendre notre réalité de travail sur place à l’HKK et de connaître son personnel.
Après plusieurs heures de vol qui m’ont semblé interminables, je suis arrivée le 25 février à 19h à l’aéroport international de N’djili. Première différence observée : la température, j’avais quitté Montréal sous des températures négatives et là il faisait 28 degrés en soirée !!!

Juste le temps d’une courte nuit et dès le lendemain matin me voilà sur la route pour une semaine bien remplie. Je dois avouer que j’étais nerveuse à l’idée de revoir l’équipe de l’HKK, après tout, un an et demi s’était écoulé depuis notre dernière rencontre, mais toutes mes appréhensions se sont envolées une fois l’avoir revue. À mon arrivée, ils m’ont tous pris dans leurs bras que ce soit les médecins, les infirmiers, les agents administratifs, etc. Je m’y suis sentie comme à la maison, comme si je les avais quittés la veille. Passées ces chaleureuses retrouvailles, il était temps pour moi de me mettre au travail. Ma première journée sur place consistait principalement à expliquer où nous étions au niveau de la recherche du budget pour le projet de l’unité néonatale, à exposer nos difficultés et nos plans futurs ainsi qu’à écouter leurs attentes et leurs inquiétudes.

Pour ce qui est du reste de la semaine, j’étais principalement sur le terrain jonglant entre les services des urgences, d’hospitalisation pédiatrique et de gynécologie/obstétrique. Munie de mon téléphone, il me fallait prendre le maximum d’images possible pour faire comprendre aux gens la réalité de l’HKK et ce que nous faisions sur place.
Je ne vais pas vous mentir, j’ai eu souvent des petites batailles avec ma conscience en faisant cela… Je m’explique : l’HKK se trouve dans l’une des localités les plus pauvres de la ville de Kinshasa, la majorité des patients se trouvent dans des situations de pauvreté extrême et devais-je montrer ces images?! Mais pour permettre aux gens de comprendre le milieu, ils devaient aussi le voir, j’aurais eu beau l’expliquer des centaines de fois, tant qu’ils ne le verraient pas d’eux-mêmes, ils ne comprendraient pas.

Afin de mieux comprendre la situation de l’HKK et son fonctionnement, je vais vous expliquer le parcours de soins lorsqu’un malade arrive à l’HKK. Peu importe que ce soit un enfant ou un adulte, avant de pouvoir consulter un médecin aux urgences, tout patient doit se procurer une fiche de consultation aux caisses de l’hôpital, cette fiche de consultation coûte 6000 francs congolais, l’équivalent de 4,50$.
Une fois cette fiche de consultation remise, il peut consulter un médecin qui selon le diagnostic lui remettra une prescription médicale et un bon d’examen à faire par le laboratoire. Le patient ou sa famille doit ensuite se rendre à la pharmacie de l’hôpital pour payer et récupérer tous les médicaments, le matériel nécessaire à son traitement, mais il doit aussi se rendre au laboratoire pour payer tous les frais relatifs aux examens demandés par le médecin. Une fois tout cela fait, le patient revient dans le service concerné où ses soins seront débutés par l’équipe de soins.

Le problème est que dès le départ la majorité des patients n’ont même pas les moyens de se procurer la fiche de consultation, donc comment peuvent-ils assumer le coût des médicaments et des autres frais relatifs à leur hospitalisation ?!
Parfois vue l’urgence des situations, certains patients sont vus directement par les médecins sans avoir de fiche de consultation et encore là, s’ils n’ont pas les moyens pour payer les traitements, certains professionnels (médecins ou infirmiers) se portent garants auprès de la pharmacie et du laboratoire de l’hôpital pour pouvoir obtenir les médicaments et les autres items nécessaires aux traitements de ces patients. Une fois guéris, ces patients ne peuvent quitter l’hôpital sans avoir réglé leurs soldes, ils deviennent alors des insolvables et peuvent l’être pendant plusieurs mois. Croyez-moi les corridors de l’HKK sont pleins à craquer d’insolvables qui attendent qu’un miracle se produise afin qu’ils puissent enfin rentrer chez eux…
Cette situation des insolvables n’est pas propre à l’HKK, malheureusement c’est une situation commune parmi beaucoup d’hôpitaux à Kinshasa.

Pour aujourd’hui je vais m’arrêter là pour éviter de vous donner trop d’information d’un coup, mais ne soyez pas déçu, je reviens la semaine prochaine pour vous expliquer la suite de ce voyage.

C’était Micha pour vous servir aujourd’hui.