Bonjour, à tous
J’espère que vous vous portez bien, je suis Micha, l’une des fondatrices de l’ONG Une Chance de Vivre.
Je prends la parole aujourd’hui pour vous parler de notre dernier voyage à Kinshasa (la capital de la République Démocratique du Congo)
L’objectif de ce voyage était de faire un point avec l’équipe de l’hôpital Kimbanguiste de Kinshasa (HKK) avant l’implantation officielle du projet (pour en savoir d’avantage sur ce projet cliquer sur ce lien: https://unechancedevivre.org/fr/une-neonatalogie-a-lhkk/ ), mais aussi de permettre aux deux équipes de mieux se connaître.
Ce voyage avait aussi pour but de nous permettre de visiter d’autres unités néonatales à Kinshasa afin de comprendre des réalités différentes auxquelles nous ne sommes pas confrontés en tant que professionnels de la santé exerçant au Canada. Un de nos objectifs était aussi de permettre que la future unité de soins néonatals de l’HKK soit en phase avec la réalité du milieu tout en rehaussant le niveau de soins de base.
Un dimanche soir de fin mai 2017, nous arrivons à l’aéroport international de Ndjili avec Dr Beaumier. Certains membres de l’équipe de l’HKK étaient présents pour nous accueillir en plus de mes parents!!!! Je vous laisse imaginer la scène : un groupe de personnes était présent pour nous accueillir, on aurait pu penser que nous étions des célébrités. À mon avis, ils étaient vraiment heureux de notre arrivée, cela signifiait le début de la concrétisation d’un projet sur lequel nous avions tous travaillé depuis un an et demi.
L’aéroport international de N’djili
Lundi matin, à peine le temps de nous reposer, nous débutons nos premières visites avec notre chauffeur Christian. Nous étions partis pour une semaine bien chargée à travers différents hôpitaux de Kinshasa.
Nous avons débuté ce périple avec une visite officielle à l’HKK. Pour ma part, je connaissais déjà l’HKK mais pour Dr Beaumier c’était une première visite à l’HKK et aussi à Kinshasa. Son rôle était donc d’apporter en plus de son expertise médicale un autre regard sur la situation aux autres membres de notre équipe à Montréal. Revenons à notre première visite de la semaine à l’HKK.
Nous avons été extrêmement bien accueillis, nous avons visité tout l’hôpital ainsi que refait le point avec l’équipe sur les détails du projet. Dr Beaumier s’est montré très abordable avec tous, il a pris le temps de parler avec chaque membre de l’équipe de l’HKK et quant à moi, j’étais très contente de les revoir après un an et demi d’absence.
La façade d’entrée de l’HKK
Dr Beaumier avec quelques médecins de l’HKK
Dr Beaumier avec quelques médecins de l’HKK
Mardi nous voilà à l’hôpital de l’amitié Sino-congolais dans la commune de Ndjli, nous visitons principalement les services de gynéco-obstétrique, de pédiatrie et de néonatalogie. Nous posons beaucoup de questions sur leur fonctionnement, les pathologies auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Au cours de cette visite, nous sommes interpelés par deux cas en particulier :
- Le premier était un nouveau-né prématuré qui avait été abandonné par ses parents à l’hôpital par manque de moyens pour pouvoir régler les frais d’hospitalisation. L’équipe soignante avait pris le relais des parents en se mobilisant pour financer les soins de cet enfant incluant l’achat de son lait et de vêtements.
- Le deuxième cas, un nouveau-né à terme avec une suspicion d’infection materno-fœtale et déshydratation sévère avait été amené à l’hôpital par son père en scooter la veille de notre arrivée. Le bébé était né dans un centre de soins privés près de l’hôpital, on l’avait piqué plusieurs fois afin d’insérer un accès veineux pour l’administration d’antibiotiques, mais cela s’était avéré un échec et le bébé était donc couvert d’hématomes (bleus sur sa peau)
Une fois la prescription remise au papa pour le matériel nécessaire aux soins, celui-ci ne s’était plus représenté, n’ayant surement pas les moyens d’assumer ceux-ci. Malheureusement, n’ayant pas le matériel disponible, l’équipe soignante n’avait pas pu débuter les soins pour cet enfant. 12h plus tard, son état s’était aggravé davantage.
L’équipe sur place nous a alors sollicité pour de l’aide à cet enfant. Après discussion, Dr Beaumier est allé à la pharmacie de l’hôpital pour acheter le matériel et les médicaments nécessaires aux soins de l’enfant. À son retour, il l’a examiné et a donné quelques conseils pour l’optimisation des soins de ce nouveau-né.
vue sur la cour de l’hôpital de l’amitié sino-congolaise
Entrée de l’unité néonatal de l’hôpital de l’amitié Sino-Congolais
1er cas
2ème cas
Lors de certaines visites, ma mère nous accompagnait, ce qui fût une très bonne chose car à la fin de chacune de nos visites nous distribuions aux mamans des cadeaux pour leur bébé : des couches, de quoi faire les soins d’hygiène de leur bébé ainsi que des pyjamas.
Une attention très appréciée par les mamans ainsi que leur famille. Ma mère avait beaucoup de facilité dans cette démarche, elle était très à l’aise avec les mamans et avait toujours un geste ou une parole réconfortante pour chacune d’elles ainsi que leur nouveau-né, il en était de même pour Dr Beaumier.
Ma maman lors d’une visite aux mamans de l’hôpital du Sino-Congolais
Dr Beaumier et ma maman lors des visites aux mamans
Mercredi matin, après avoir passé un temps fou coincé dans le trafic de Kinshasa, nous sommes de retour à l’HKK pour une journée clinique cette fois-ci. Nous devions assister à la tournée médicale des services de pédiatrie, une vraie journée de travail comme on les connaît quoi!! À différence que les services de pédiatrie sont des salles communes et qu’elles étaient pleines à craquer avec des enfants malades de tout âge (0-14 ans).
Il faisait très chaud, l’hôpital était en coupure d’électricité donc pas d’air conditionné de possible. C’est dans cette ambiance que s’est déroulée cette journée, mais comme à son habitude, Dr Beaumier était très patient en prenant le temps d’examiner chaque enfant avec la même attention. Ce qui était drôle dans tout cela est que la plupart des enfants et parents n’avaient jamais vu un homme blanc alors ils regardaient toujours Dr Beaumier avec une petite surprise au début ce qui avait le don de me faire sourire à chaque fois et de taquiner Dr Beaumier sur cela (Je l’avais surnommé super star).
Mais revenons à l’essentiel, lors de ces tournées, un cas en particulier avait attiré notre attention, celui de Nsimba, un nouveau-né de 5 jours, née dans un centre de soins privé en périphérique de l’HKK. Ses parents l’avaient amenée à l’hôpital, car elle présentait des contractures musculaires, des signes d’infection au niveau de son cordon ombilical ainsi qu’une forte fièvre. Un diagnostic de tétanos néonatal avait été posé probablement dû à des soins du cordon ombilical non optimaux.
Au Canada, Dans nos milieux de travail, ces sont des pathologies auxquelles nous ne sommes pas confrontés, car elles sont éradiqués depuis des années. Dr Beaumier a dit être en face du 1er cas de tétanos néonatal dans sa carrière. C’était dur de se sentir impuissant devant ce cas. Nous étions très attristés pour Nsimba, mais on trouvait cela surtout très injuste…comment une maladie éradiquée depuis des années dans certains pays pouvait encore sévir dans d’autres. Nsimba est décédée quatre jours plus tard…
Trafic sur les routes de Kinshasa
Petit patient de l’unité de pédiatrie de l’HKK
Nsimba, patiente atteinte de tétanos néonatal
Jeudi, c’était une journée marathon que nous entreprenions. Le matin, nous devions nous rendre dans la commune de Mont-Ngafula pour visiter la Pédiatrie de Kimbondo. Cette visite a été un des points marquants de notre séjour.
Nous avons rencontré un des fondateurs de cette institution, nommé le père Hugo qui a commencé ce projet en 1986 à partir de rien, mais avec toute la volonté d’offrir un endroit sécuritaire aux enfants abandonnés et des soins de qualité aux enfants malades.
Actuellement, cette institution accueille environ 1000 orphelins et dispose de bâtiments médicaux capables de prendre en charge les enfants malades et ce, de façon gratuite pour les plus démunis. Nous avons vraiment été très bien accueillis lors de notre visite, les cuisinières ainsi que les enfants ont chanté pour nous souhaiter la bienvenue et l’on pouvait voir que les enfants considéraient père Hugo comme leur papa. Là aussi nous avions donné quelques cadeaux pour les enfants qui étaient très heureux.
À peine le temps de dire au revoir que nous reprenons la route, pour nous rendre cette fois-ci dans la commune de la Gombe où nous devions visiter l’hôpital général de Kinshasa (Mama Yemo).
Après un temps interminable dans le trafic (D’ailleurs, ces embouteillages fous peuvent rendent très difficiles les déplacements des familles lorsqu’un enfant est malade et qu’ils doivent se rendre dans un hôpital le plus rapidement possible). Mais revenons à notre sujet, la maternité et la néonatalogie de Mama Yemo ont une capacité d’accueil impressionnante, si je ne me trompe pas ces sont les plus gros services de tout Kinshasa, une vraie usine à bébé.
Entrée de la pédiatrie Kimbondo
Père Hugo Fondateur de la pédiatrie Kimbondo
Échange avec le Médecin Directeur de l’hôpital général
Au cours de ces différentes visites, nous avons pu réaliser les difficultés et les réalités de la population locale et des équipes soignantes. Trois points communs entre ces établissements se faisait malheureusement remarquer :
- Les nouveau-nés malades abandonnés par leurs parents dans les hôpitaux;
- Les difficultés rencontrées par les équipes soignantes à offrir des soins de qualité par manque de matériel ou du matériel obsolète;
- Des retards dans les prises en charge de bébés malades par faute de moyens financiers des familles qui ne peuvent assumer les frais des médicaments et du matériel nécessaire aux traitements des enfants;
- Le cas des insolvables : c’est à dire, les anciens patients guéris dont les familles n’ont pas les moyens de payer la facture finale alors ces patients sont obligés de rester « prisonniers » à l’hôpital jusqu’au moment où le solde soit réglé.
Je vais vous citer deux cas rencontrés :
- le premier, une mère qui a eu une césarienne trois semaines avant notre visite et qui était toujours à l’hôpital avec son bébé en bonne santé, par faute de moyens financiers pour régler la facture de 300$.
- Le deuxième cas concerne un ancien nouveau-né prématuré avec un retard de croissance qui pesait 800g à la naissance. Au moment de notre visite, il avait environ 6 mois, pesait 4 kg et il était en bonne santé, mais il ne pouvait pas rentrer chez lui, car ses parents étaient dans l’impossibilité de payer la facture de 800$ pour l’hospitalisation de leur enfant.
Amina nouveau-née prématuré abandonné
1er cas insolvable
2ème cas insolvable
Vendredi matin, malgré une fatigue qui commence à se faire ressentir, nous sommes de retour à l’HKK pour une dernière journée clinique. Après la tournée médicale, Dr Beaumier se lance dans une séance de formation théorique improvisée.
Chaque médecin, infirmier(e), étudiant était libre de poser la question qu’il voulait, c’était une séance vraiment très enrichissante! Une fois encore, on pouvait voir l’homme bon qu’était Dr Beaumier, il a répondu à toutes leurs questions, sans le moindre jugement.
Nous avons refait un tour des locaux de la future unité de néonatalogie et avons parlé de certains détails comme les travaux d’aménagement qui devaient y être faits.
Photo de groupe avec l’équipe de l’HKK
Samedi, c’était une journée libre!!! accompagnés de Getou et de Franklin, tous les deux médecins à l’HKK, nous avons visité le sanctuaire des bonobos (réserve pour Chimpanzé). Nous avons aussi fait une balade au parc du lac Ma vallée, cela nous a permis de nous reposer un peu de la folie de la ville de Kinshasa et de découvrir d’autres paysages que Kinshasa à offrir.
Avec Getou, Franklin et Christian
Lac Ma Vallée
Paysage des hauteurs de Kinshasa
À travers ces quelques lignes, j’ai essayé de vous retranscrire notre dernier voyage sur le terrain et j’espère que cela vous a donné une idée des défis auxquels nous seront confrontés pour réaliser notre projet.
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À très bientôt
Micha.